Lettre ouverte aux habitants et usagers du bassin de Vie.
Clash à l’Hosto de Lamastre.
La situation était bancale depuis des années avec d’un coté un directeur d’établissement aux réactions et décisions imprévisibles et des employés sous la coupe hiérarchique et subissant les pressions permanentes de nature terroriste.
Le Dr Bouit est entré en conflit très tôt en tant que président de CME (Commission Médicale d’Établissement) avec M Jean Michel Guiot dès son installation à Lamastre en 2008 à la suite de déclarations inadéquates au sujet du fonctionnement hospitalier de continuité des soins tel qu’il l’avait trouvé à son arrivée. M Guiot avait sciemment répondu de façon très péjorative à un questionnaire de la tutelle afin, selon ses dires, obtenir le déblocage de moyens supplémentaires pour « améliorer » la dotation, il n’avait pas voulu corriger son mensonge et il s’en est suivi de nombreux affrontements verbaux jusqu’au changement de gouvernance hospitalière qui a de suite permis au directeur de « changer » de président de CME. Il est bien évident qu’aucun moyen supplémentaire n’a été octroyé à l’hôpital. Mais en noircissant le tableau le directeur affirmait sa nouvelle autorité et assombrissait le bilan des directeurs précédents 3 mois après son arrivée.
Les employés et en particulier les employés des services administratifs et les cadres ont appris à vivre avec cette pression et ces déclarations mensongères. Depuis 2008 le service administratif a été « entièrement remanié », entendez là le fait que des personnes ont démissionné, d’autres sont passées en arrêt longue maladie, d’autres en mutation pour raison personnelle, pour ceux qui restent le niveau de l’emploi étant ce qu’il est avec le taux de chômage national actuel il leur faut nécessairement faire le dos rond …. Surtout lorsqu’ils ne sont pas titulaires ou si ils ont des attaches familiales sur le secteur.
Un incident non critique survenu le dimanche 25 janvier 2015 a entrainé une réaction inadaptée du directeur qui a agressé verbalement des employés. Suivi le 26 d’une bronca avec tentative de cadrage de la part du Dr Serpollet contre le Directeur, suivi le 27 d’une CME enregistrée en forme de réquisitoire déclamé par le Dr Serpollet , puis Bouit , puis Farjas , Le Dr Serpollet a demandé au directeur de reconnaitre ses erreurs et de s’excuser au sujet de son attitude vis-à-vis des employés visés , M Guiot a tenté comme à son habitude un enfumage de la réunion et a refusé de reconnaitre le caractère inapproprié et difficilement explicable de sa réaction. Si le directeur avait fait amende honorable l’incident aurait été classé et n’aurait été qu’un incident de plus dans l’établissement. Devant ce refus le Dr Langin, président de la CME, a de suite clôturé la séance.
Nous nous sommes réunis ensuite entre médecins présents et le Dr Bouquet , Mme le Dr Guiot était absente de la CME et pour les raisons que vous comprendrez aisément n’a pas participé aux débats .
Nous avons donc décidé après cette CME de ne plus participer aux instances statutaires de l’établissement et l’avons fait savoir par écrit le 5 février à l’ARS( Agence Régionale de Santé) et au directeur. (annexe 1)
Nos arguments pour en arriver à cette extrémité sont nombreux le premier est que la tutelle ARS de Privas est parfaitement au courant de l’ambiance qui règne à Lamastre.
La traçabilité des problèmes est ancienne et facile à mettre en évidence :
-Mr Arnaud Meunier Directeur de la DDASS essayait de calmer le jeu dès 2008 à la suite du premier incident et avait expressément demandé au Dr Bouit par mail de ne pas « se fâcher ».
-M Meunier avait même signé un courrier invitant M Guiot à plus de modération téléphonique surtout envers les employés de l’ARS qui lui demandaient des précisions sur sa gestion.
-M J P Vallon avait fait un courrier à l’ARS en tant que Président du Conseil d’administration de l’Hôpital pour avertir de l’ambiance délétère engendrée par l’attitude du directeur.
-Une délégation hospitalière avec les deux syndicats CGT et CFDT, accompagnée du Dr Serpollet, médecin salarié du SSR et du Dr Langin, président de CME avait rencontré la délégation privadoise de l’ARS en mai 2013 pour exposer le problème interne. Le Dr Bouit avait fait pour sa part une lettre factuelle assez complète pour étayer la démarche et les revendications. La médecin du travail avait elle aussi témoigné par écrit. Il n’y avait pas eu de retour, ce qui permet de penser que les forces vives de l’établissement sont très peu considérées.
– Un ancien employé avait produit un certificat médical dont la tutelle n’a pas tenu compte.
-Le syndicat CFDT a réécrit dans l’été 2014 à l’ARS, sans résultat.
C’est parce qu’il y a eu toute cette antériorité sur plus de 6 ans que nous avons décidé d’agir à nouveau.
Ce que nous reprochons au Directeur :
-son attitude pleine de morgue et son habitude à manier l’injure de façon indirecte, narquoise et sournoise.
-Ses erreurs de gouvernance avec ses dérives accumulées depuis 2008 dont voici quelques exemples : fermeture en moins d’un mois de son poste de directeur des lits d’USLD fortement rémunérateurs pour l’établissement, non réponse à un questionnaire d’évaluation du CCNP qui a entrainé la perte d’un subventionnement, refus de mutualiser un manip radio avec le CH Tournon, refus d’accepter la proposition de consultations décentralisées de chirurgiens de la clinique Pasteur HPDA , mise en panne volontaire de la radiologie, prime d’embauche de 8000 € à un kiné qui n’est resté que 1 an, formation payée d’une ergo qui a ensuite démissionné, bradage de la salle radio pour 5000€ ( coût de 80 000 € 3 ans avant), directives changeantes d’un mois à l’autre au sujet des admissions dans les services actifs .
Toutes ces actions délétères cassent le dynamisme des praticiens et démotivent totalement les personnels. Tout ceci entraine l’établissement à sa perte lente mais inéluctable. Il convient donc de refuser de continuer à collaborer avec ce directeur pour ne pas être caution et impliqué plus longtemps dans cette dérive.
Deux exemples « anecdotiques » de l’incohérence récurrente de M Guiot méritent d’être cités:
- D’ordre technique : Lors de la présentation du projet de l’EHPAD celui-ci devait répondre aux normes BBC (bâtiment basse consommation) et se devait donc d’avoir un apport d’énergie solaire .M Guiot dans son exposé savant ne connaissait pas la différence entre un chauffage solaire thermique et un chauffage solaire photovoltaïque, avec les conséquences induites sur la perte de l’abonnement EDF/EJP. Questionné précisément sur le plan technique par le Dr Bouit lors de cette réunion le Directeur na pas reconnu son ignorance, ce qui pour le maitre d’œuvre d’un projet de 1,7 million d’euros était très inquiétant, quand à l’apport solaire thermique de 12 panneaux pour tout le bâtiment sud il s’avère dérisoire, génère de la maintenance pour un faible rendement et n’est en fait qu’un faire valoir.
- D’ordre financier : lors d’un conseil d’administration le sujet portait sur l’argent en caisse à l’époque et qui provenait, précisons le, en grande partie de l’argent mis de coté par M Gomez en prévision du projet de résidence. Il s’agissait de la coquette somme de 500 000 € qu’il convenait de placer en attendant son emploi dans les travaux de l’EHPAD. M Guiot nous annonçait que la somme avait été placée à 3 % pour minimum 3 mois, les travaux n’ayant pas commencé de suite, le placement a été reconduit 9 mois, ce qui a permis à M Guiot de s’affirmer comme un financier génial puisqu’il avait réussi un placement à 9 % (3 X3 =9). Je lui avais demandé devant les membre du CA de bien redire ce qui était une énormité mathématique et un mensonge financier, M Guiot avait réaffirmé de façon péremptoire sa certitude devant les yeux ébahis entre autres de M JP Vallon , dont l’esprit comptable s’en rappelle encore….
Nous avons donc décidé de nous mettre en retrait du fonctionnement des instances hospitalières et d’en faire part par écrit ( cf. annexe ) à la délégation ardéchoise de l’ARS( Agence Régionale de Santé Privas)
La directrice de l’ARS nous a proposé une réunion de « conciliation » le 12 mars à laquelle assistaient outre le directeur de l’hôpital 6 médecins lamastrois , avec le Dr Cadier , mais sans le Dr Serpollet qui après avoir allumé la mèche a décidé après son coup de sang de se retirer de son poste de médecin SSR (Soins de Suite et Rééducation, convalescence) en prenant sa retraite avant l’échéance prévue de fin 2015 , laissant ainsi le service SSR de 27 lits sans médecin salarié. Cette réunion a duré plus de 2 heures avec un échange oral et une production de documents écrits prouvant la réalité et l’ancienneté du problème avec les méthodes de gouvernance du directeur. Méthode mêlant insultes, dénigrements, menaces, chantage à l’emploi et décisions changeantes au gré de l’humeur.
Nous avons reçu de la direction de l’ARS après cette réunion une lettre en forme de « langue de bois » puisque le motif et les conclusions orales de la réunion étaient totalement occultés. (Annexe 2)
Nous avons donc refait une lettre demandant une réponse factuelle retraçant le déroulement de la réunion (annexe 3) et nous avons maintenu notre refus de participation aux instances.
La directrice de l’ARS nous a refait un courrier nous demandant de « travailler ». Comme si nous avions besoin d’un tel conseil de l’ARS pour nous impliquer pour une structure que nous soutenons pour certains depuis des lustres. ( annexe 4)
Les conséquences d’un refus de participer aux instances ? Qui rappelons-le sont statutaires et nécessaires au fonctionnement de l’hôpital.
*A priori rien de fâcheux dans l’immédiat pour les usagers du bassin de vie en médecine et SSR , nous sommes professionnels de santé avant tout et allons continuer de soigner au mieux de nos moyens les populations et les patients qui nous font confiance et qu’il ne faut pas prendre en otage.
*En juin 2015 l’Hôpital va devoir se plier à la démarche qualité avec une inspection d’accréditation pour laquelle au moins 5 des médecins seront absents, l’accréditation va donc être plus complexe sans médecins et les inspecteurs ne pourrons que constater le fait, De plus pour compliquer le tableau la direction a changé les profils de postes et les attributions du service qualité fin 2014 à la suite d’un incident en cours de réunion..
*En 2015 les quatre établissements de proximité Le Cheylard , Lamastre, St Agrève, et St Félicien doivent mutualiser leurs moyens , de nombreuses réunions entre médecins sont en cours et programmées , les 5 médecins de Lamastre vont manquer, dont certains pouvaient se prévaloir d’une expérience professionnelle longue propice à une approche sociologique et territoriale intéressante.
*De plus le Dr Serpollet médecin salarié du SSR, devait assumer son poste jusqu’en fin 2015 , pour justement passer ces 2 caps difficiles , vue la situation il a décidé de prendre sa retraite en mars 2015 et une grande partie des 27 lits de SSR risque de rester vide ce qui aura des conséquences sur le fonctionnement, sur le service rendu, sur le taux d’occupation des lits et donc aussi in fine sur la dotation financière et l’emploi local de ce service spécialisé.
- Suite à un changement d’organisation national l’Hôpital de Lamastre n’assure plus la continuité des soins pour les hospitalisés depuis le 1 décembre 2014. Pour pallier à cette carence les praticiens libéraux avaient proposé en novembre 2014 un nouveau schéma d’organisation aux directions de l’établissement et de l’ARS qui n’ont pas validé, laissant ainsi les usagers sans médecins locaux de minuit à 8 h du matin. Tout ceci sans que le Directeur qui avait noirci la situation en 2008 s’en émeuve en 2014, amnésie ? Il aurait été bienvenu que M Guiot soit aussi percutant en 2015 pour dénoncer cette situation que ce qu’il avait été odieux en 2008 sur le même sujet. A l’époque la continuité des soins ne comportait pas de lacune pour les hospitalisés. Mais maintenant en 2015 M le Directeur ne fait pas de bruit puisqu’il est en place et responsable localement de cette organisation…
Nous sommes donc devant une situation bloquée que nous dénonçons par cette communication, le Directeur n’ayant pas bougé depuis la réunion à Privas, alors que la première lettre de l’ARS du 13 mars qui lui était adressée demandait un effort de dialogue professionnel.
Nous avons donc décidé de communiquer sur ce dramatique problème avec pour question : y aura-t-il un Hôpital avec des services de Médecine et de Soins de suite à Lamastre dans 5 ans si nous laissons la gouvernance en l’état ?, Allons nous accepter la transformation de ce magnifique outil sanitaire territorial en maison de retraite ?
Le Dr Cadier connu pour sa parole libérée a clairement demandé un changement de direction lors de la réunion à Privas, souhait de tous qu’il a porté devant la directrice de l’ARS. Celle ci l’a recadré en lui précisant que les médecins n’avaient pas de compétence administrative. Pas de compétence administrative peut être, mais une compétence sociologique certaine et une approche de la territorialité chevillée au corps. Nous revendiquons effectivement haut et fort entre autre les qualités de médecin généraliste, médecin de campagne ; médecin de famille, médecin sapeur pompier et autre Médecin correspondant SAMU.
Les autres acteurs du fonctionnement de l’hôpital que sont les agents et les usagers ont donc à choisir entre un hôpital sans participation administrative des médecins et un gouverneur qui mène inexorablement l’établissement à la catastrophe.
La parole est donc aux usagers qui peuvent interroger les médecins « frondeurs » dans leur action afin de participer au débat. Un autre problème réside dans le fait que deux représentants des usagers au sein du conseil de surveillance sont extérieurs au bassin de vie et ont été d’ailleurs choisi probablement pour cet éloignement de la population. Ils ne sont pas à même d’appréhender précisément le problème local. Une personnalité lamastroise engagée dans le milieu associatif a vu début 2015 sa candidature en tant que représentante des usagers recalée sur des critères évidents de bétonnage politique délétère. (par qui ???)
La parole est aussi aux représentants du personnel qui s’arque boutent et écoutent le discours enfumeur de la direction au sujet de la défense de l’emploi. Discours à court terme, car faisant abstraction de l’avenir des services de soins actifs à 5 ans , services médicaux actifs qui sont l’âme, la vitrine et l’attractabilité de l’établissement pour des futurs médecins susceptibles de s’installer.
La parole est aussi aux élus qui se doivent de défendre leur territoire et l’accès aux soins de premier recours. L’Hôpital de Lamastre est le plus gros employeur du bassin de vie ; mais en perdant ses services médicaux il perdrait bon nombre de ses emplois qualifiés.
Pour mémoire la démarche de l’association des usagers de l’EHPAD a permis in extremis de s’opposer au diktat directorial qui voulait mettre deux patients par chambre à 1 lit dans le bâtiment sud. Cette décision prise au mépris de la bientraitance n’a été infléchie que grâce à une mobilisation des familles, soutenue par un médecin le jour de la réunion plénière. C’est un bon exemple de démarche salutaire.
Notre démarche « médicale » à l’ARS n’a pas permis un déblocage rapide de la situation conflictuelle, la directrice de l’ARS se réfugiant derrière le dogme de la séparation des pouvoirs médicaux et administratif dans un hôpital. Mais notre démarche a eu le mérite de libérer la parole en interne dans l’établissement et c’est ainsi que nous avons appris que le Directeur n’a pas souvent parlé au niveau du pavillon administratif du Dr Bouit en tant que Président de CME mais qu’il a très fréquemment employé des injures comme « ce grand con de médecin lamastrois » ; qu’il emploie aussi régulièrement le terme « celui qui n’a qu’un neurone » pour désigner certains employés, qu’il parle de « ses pleureuses » en désignant les employées qu’il pousse dans leurs retranchements affectifs.
Qui peut accepter de collaborer administrativement sous l’insulte et le dénigrement insidieux, manipulateur et pervers avec un directeur qui mène l’établissement à sa perte ?
Pas nous ! C’est notre liberté et notre courage élémentaires de dire non. C’est plus aisé pour nous médecins car notre activité ne dépend pas de la coupe administrative et nous représentons le seul « contre pouvoir » possible, mais effectivement limité comme nous l’a explicité Mme la directrice de l’ARS. Mais nous considérons que c’est notre devoir de nous insurger et de vous informer.
De toutes les façons la conclusion de notre analyse étayée par notre vécu est que notre hôpital va disparaitre dans sa fonction de soins médicaux à la population si nous restons passifs et si l’ARS ne se décide pas à un changement d’attitude et de direction.
Nous voulons par cette action sauver notre Hôpital de soins de proximité dédié aux habitants de bassin de vie et refuser sa lente dégradation.
Où nous ferons nous soigner dans 10 ans ??
Il convient aux citoyens de décider librement et activement de leur avenir, en en étant informés.
Nous sommes bien sûr prêts à débattre sur le sujet.
Raymond Bouit, Sylvain Bouquet, Simone Farjas, Nicolas Langin, Médecins de l’Hôpital de Lamastre,
Rémi Cadier, Médecin retraité.